La Lanterne de Diogène

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Tenir au tennis

Jacques Godbout joue au tennis, Jacques Poulin aussi, sans compter les Denys Arcand, Claude Meunier, Janette Bertrand, Philippe Sollers et Woody Allen (j'ajoute les noms de toutes les vedettes qui écrivent et pratiquent le tennis, au fur et à mesure, même s'il n'y a pas de liens entre eux); tous des créateurs hors pair devant l'Éternel et amateurs passionnés de la raquette. Alors, point n'est besoin de rajouter quoi que ce soit à cette longue liste de génies. C'est un fait indubitable : le tennis rend intelligent. En effet, toutes ces personnes sont intelligentes, au moins au-dessus de la capacité intellectuelle du commun des mortels, or elles jouent toutes au tennis, donc toute personne qui joue au tennis devient forcément un esprit supérieur...

Une autre preuve de cette constatation? Le nom lui-même du sport illustre l'aspect de sagesse qui émane de cette discipline où tout est résolu par le dialogue. Tennis est en effet le dérivé anglais d'un verbe français utilisé pour avertir son adversaire du début des échanges dans un ancien jeu, datant de la Renaissance, qui ressemblait à la paume. Au moment de lancer la balle au mur, on disait «tenez» à son adversaire pour qu'il soit prêt à recevoir la balle et à commencer l'échange. «Tenez» est devenu «tennis» en anglais d'Angleterre où ce sport a connu son véritable essor. Cet avertissement verbal signale le caractère hautement noble de cette pratique et le respect de l'autre dans un sport où on ne veut pas prendre son opposant par surprise, mais rivaliser d'habileté avec lui.

Le moment du service reste, de nos jours, un instant magique et unique. Le joueur au service (notez le terme) attend toujours que son adversaire soit prêt avant de lui lancer la balle. Jamais un joueur ne prendra son opposant par surprise en servant à l'improviste. Ce serait comme ajouter une enclume dans son gant de boxe par crainte de ne pouvoir lutter à arme égale avec l'adversaire. D'ailleurs, au tennis, on sert, on ne se sert pas, contrairement à la plupart des activités d'aujourd'hui....

Le tennis est à cet égard à l'opposé des sports où la courtoisie et l'amour de son prochain sont laissés de côté pour faire place à la hargne et la haine, comme au hockey et au football. Au tennis, on se bat contre soi, essentiellement. On vise à dépasser ses limites, à aller au-delà de ses capacités pour les augmenter. Il y a peut-être là une volonté de puissance qui se manifeste, mais elle n'est pas dirigée vers l'autre ou contre l'autre. Incidemment, Nietzsche aurait sûrement joué au tennis, de même que Freud qui a consacré à ce sport un essai éclairant intitulé : La sexualité et le tennis.

Dans ce texte brillant, Freud montre qu'il y a un lien évident entre le tennis et la sexualité, tant par le processus de répétition dans les échanges que par la symbolique du manche de la raquette, des shorts, des jupettes, des poignets et des autres accessoires...

Finalement, s'il reste des sceptiques qui ne sont pas encore convaincus de la vertu bienfaisante de la pratique de ce noble sport, il suffit de rajouter les noms des grands champions d'aujourd'hui pour clore le débat : l'humble Marcello Rios, le douillet boom-boom Becker (d'où vient son surnom déjà?), le gracieux Patrick Rafter, et j'en passe.

Ne riez pas! Il ne faut pas se fier aux apparences. Vous savez, Platon doit son nom à ses larges épaules, car il était constitué comme un jouer de football, ce qui ne l'a pas empêché d'être un dialoguiste hors pair. Mais je m'écarte du sujet...

Bref, il faut profiter de son passage sur terre pour jouer au tennis sans vergogne et sans blocage d'aucune sorte... Le tennis, c'est la vie, comme disait le poète Mallarmé, si je ne m'abuse...

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Guy Ferland