La Lanterne de Diogène

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Texte paru dans Le Devoir, édition du 10 mai 2005
Libre opinion: Les jeunes, des intelligences en éveil
Guy Ferland
Professeur de philosophie, Collège Lionel-Groulx

À quoi ressemblent des jeunes de 16 à 20 ans dans la société d'aujourd'hui? Eh bien, s'ils s'apparentent aux 4500 élèves auxquels j'ai enseigné depuis 15 ans, on pourrait les décrire comme des intelligences en éveil.

En fait, ils ne ressemblent pas du tout aux images toutes faites qui circulent dans l'opinion publique : des jeunes désillusionnés, imbus d'eux-mêmes, désœuvrés, revenus de tout, hypermatérialistes et individualistes. Des enfants moules, affirment certains. Ils sont tout le contraire de cela, pour peu qu'on leur donne la chance de le manifester. En réalité, chaque fois que je lève les yeux sur eux, je remarque dans leurs regards de l'intelligence qui cherche un chemin, une voie afin de s'extérioriser.

Bien sûr, l'esprit qui transperce leurs prunelles revêt différentes formes. Il y a les intelligences éclatantes, celles qui s'expriment par le regard flamboyant des élèves heureux d'apprendre et qui semblent toujours en vouloir plus. Ce sont celles-là qu'on remarque immédiatement dans une classe.

Il y a également des intelligences ténébreuses, qui se révèlent souvent dans des attitudes obscures, comme chez les gothiques. Ceux-ci sont surtout sombres dans leur apparence, mais une petite flamme vacille toujours au fond de leur personnalité. Il suffit de l'alimenter. Il y a aussi les intelligences de braises, celles qui couvent sous le conformisme, mais qui ne demandent qu'un souffle avant de s'enflammer. Ce sont les plus nombreuses.

Évidemment, il y a quelquefois, mais rarement, des intelligences qui semblent mortes, aux regards éteints. Souvent cette attitude cache des blessures profondes. Des jeunes abandonnés, solitaires, qui cherchent une bouée à laquelle s'accrocher.

Tous ces jeunes ont des rêves, des désirs et de l'énergie à revendre quand on réussit à accrocher leur attention. Ils ne sont pas encore atteints par les maux du siècle : le cynisme et le négativisme qui font qu'on ironise sur tout et qu'on ne croit plus personne.

Au contraire, ils cherchent des idées nouvelles, de la nourriture spirituelle à se mettre sous la dent. Ils veulent aller au-delà des apparences dans lesquelles on les confine trop souvent. Car ils ne sont pas seulement beaux et belles par la jeunesse de leur corps, mais bien plus par leur soif de savoir et leur désir de trouver des idéaux.

À l'heure où les politiciens mentent de façon éhontée, où les modèles d'intégrité et de discipline se font rares dans la société, où les vedettes déçoivent, où la tricherie semble omniprésente dans toutes les sphères d'activité, où les scandales se succèdent à un rythme effarant, rencontrer 150 jeunes de 16 à 20 ans chaque semaine devient une cure de désintoxication contre le cynisme ambiant et redonne espoir en l'être humain qui a encore toutes les possibilités devant lui.