La Lanterne de Diogène

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Les professeurs sont les enfants gâtés du système. Ils travaillent 10 mois par année et sont payés pendant 12 mois. De plus, ils ne vont en classe qu'une vingtaine d'heures par semaine... «quand ils travaillent». Ils possèdent la sécurité d'emploi et ils n'ont pas de patron sur le dos toute la journée. Ils sont maîtres et rois en classe. Ils évaluent le travail de leurs élèves, mais ils ne veulent pas se faire évaluer en retour. Bref, c'est le paradis sur terre en matière de conditions d'emploi. Une sinécure. Pourtant, ils osent se plaindre.

Les journalistes d'expérience travaillent environ 10 mois par année également, quand on tient compte de leurs vacances annuelles de six à huit semaines, des congés spéciaux et des congés de maladie. À chaque jour, ils écrivent pendant deux ou trois heures. Ils préparent leurs articles en deux ou trois heures également. Leur travail est évalué par leurs pairs qui les lisent ou les écoutent, et par leurs patrons. Habituellement, la sécurité d'emploi est acquise : les syndicats les protègent de toute décision arbitraire de la part des employeurs. Leurs conditions d'emploi ressemblent étrangement à celles des professeurs. Pourtant, ils ne sont pas sur la sellette chaque fois qu'ils négocient leur convention collective.

Les professeurs ont mauvaise presse. Ils ont la réputation d'être des lâches qui profitent du système. Les adultes se souviennent de leurs dures expériences d'écoliers et ils gardent un sentiment de rancune envers leurs anciens maîtres. De plus, ils se retrouvent à payer pour leurs bourreaux d'hier. Sans compter que, pour la plupart, ils ne possèdent pas les mêmes pouvoirs. Normal qu'ils veulent se venger de leurs souffrances passées.

En outre, ceux qui bénéficient du service offert par les professeurs n'ont pas droit au chapitre. En effet, la majorité des élèves ne votent pas et ne paient pas d'impôt. Quand le service se détériore, à la suite de coupures de toutes sortes, les bénéficiaires sont doublement laissés-pour-compte : ils obtiennent moins de services et ils n'ont pas de prises pour remédier à la situation.

La valorisation du rôle des professeurs ne proviendra pas des adultes ni des élèves. Le gouvernement tient à alimenter la mauvaise réputation de ses employés pour mieux les diriger. C'est triste à dire, mais les professeurs sont seuls dans leur camp. Ils ne peuvent s'appuyer sur personne.

Là comme ailleurs, le seul critère de jugement de la fonction des professeurs devient de plus en plus économique. Le système d'éducation est-il rentable? Les professeurs coûtent-ils trop cher par rapport aux objectifs à atteindre? C'est-à-dire produire des finissants possédant de plus en plus de compétences spécialisées afin de fournir des travailleurs acharnés à bas prix pour les compagnies.

Les humanistes d'hier, qui voulaient des professeurs à la tête bien faite et non pas bien pleine, sont disparus puisqu'ils n'ont pas produit de richesse matérielle. Ne restent plus que les capitalistes qui produisent de la richesse matérielle en quantité pour un petit nombre d'individus. Ce sont eux qui dictent la marche à suivre dans le monde de l'éducation, en matière d'objectifs, d'évaluation et de coût.

Les professeurs doivent alors suivre la loi du marché : l'offre et la demande. Le système économique demande des élèves prêts à l'emploi à moindre coût. C'est ce que le système d'éducation va offrir. Sauf que le moindre coût représente des conditions de travail à la baisse pour les professeurs. Mais on sait bien, ce sont des enfants gâtés...

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Guy Ferland