La Lanterne de Diogène

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La téléréalité, la psyché de la télé

«Les couleurs de la vie paraissent vraiment vraies quand on les voit sur un écran» -- Stanley Kubrick

Est-ce le besoin de réalité qui pousse les gens à écouter ou à participer aux émissions de téléréalité? Ou est-ce plutôt le besoin d'évasion de la réalité qui les entraîne ainsi vers l'illusion d'une vie rêvée à travers l'écran du bonheur, pour reprendre une expression de Jacques Godbout?

Y a-t-il voyeurisme de la part des téléspectateurs ou exhibitionnisme de la part des concurrents? Ou la rencontre de ces deux tendances?

On peut se poser bien des questions sur le phénomène grandissant de la téléréalité sous toutes ses formes : des épreuves physiques et psychologiques jusqu'au mariage en direct, en passant par les travaux de rénovation, la reconstitution esthétique, la chirurgie plastique, les concours de chant, la vie de vedettes déchues, etc., tout y passe.

Les expériences de la vie quotidienne de n'importe qui peuvent ainsi se trouver captées par des caméras. L'espace de la vie privée est envahi par la vie publique. Le quotidien devient spectacle. Les quinze minutes de gloire d'Andy Warhol sont alors à la portée de tous, par le biais du téléviseur, même si elles durent parfois des heures…

À quoi donc correspond ce besoin de s'offrir en spectacle? La réalité est-elle devenue à ce point «plate» qu'on doive y ajouter du relief par la mise à nue sur un écran de télévision? Toute la saveur de la réalité de la vie quotidienne devient-elle plus délectable quand elle passe par le truchement de l'écran cathodique?

On pourrait répondre à toutes ces questions en affirmant que la téléréalité ne représente qu'une mode passagère. Que ce phénomène de société est temporaire et ne constitue qu'un aspect de l'espace télévisuel. Qu'il y a bien d'autres types d'émissions. Il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat, finalement. Pourtant.

Pourtant, on pourrait rétorquer à cela que la popularité sans cesse grandissante de ce type d'émissions marque un tournant. Car c'est la conception même de la télévision qui est en train de changer. Le téléviseur n'est plus seulement un moyen d'informations et de divertissements. Il devient le révélateur d'une tendance fondamentale au voyeurisme et à l'exhibitionnisme élevée au rang de divertissement de masse.

On peut désormais considérer comme digne d'une représentation chaque geste de la vie quotidienne : de la défécation à l'accouplement, en passant par les tâches ménagères.

C'est ainsi que chaque personne peut dorénavant se considérer comme un personnage d'une téléréalité à venir. La vie quotidienne de tout un chacun n'est plus banale puisqu'on peut l'entrevoir comme une possibilité d'émission télévisuelle.

C'est pourquoi on peut soutenir que la téléréalité donne du lustre à la vie des téléspectateurs qui s'identifient facilement aux protagonistes. Plus besoin d'avoir une vie rêvée ou extraordinaire pour passer à l'écran. Il suffit de s'imaginer, au quotidien, comme un participant à une émission de téléréalité.

Cette dernière offre alors la possibilité, que caresse secrètement tout le monde, d'être une vedette reconnue par tous, sans faire d'efforts, en étant simplement quelconque, comme le premier quidam venu. La téléréalité, est-ce finalement la psyché moderne dans laquelle on se compare aux autres pour se consoler de sa désolation?