La Lanterne de Diogène

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Le système d'éducation au collégial : De la servitude involontaire

Comité départemental, comité de cours, comité de programme, comité d'évaluation, comité d'implantation de réforme et de révision de matière, comité syndical, comité interdépartemental, comité pédagogique, etc. Où trouver le temps pour enseigner, pour préparer des cours, pour corriger et pour encadrer des élèves de plus en plus nombreux dans ce contexte?

C'est cette logique de bureaucratie qui préside à la réforme de l'enseignement collégial depuis quatre ans. Des technocrates du ministère de l'Éducation qui justifient leur emploi en multipliant les réunions et les discussions sans fins et sans buts ont réussi à implanter leur régime dans le domaine de l'éducation.

Les professeurs deviennent ainsi des gestionnaires et des «évaluateurs» (ou des exécutants) de programmes artificiels et sans vie. La liberté pédagogique, la diversité d'approche, la créativité, l'innovation sont devenus des mots honnis. Les professeurs, puis les élèves, doivent être des esclaves dociles d'un système totalitaire et intransigeant. Il faut payer pour les moindre manquements à la règle. D'où la multiplication des évaluations.

L'épreuve uniforme de français, qui sanctifie tout le parcours scolaire des élèves au collégial, est un bon exemple de cela. D'abord le nom lui-même trahit l'intention. Dans le Robert, à la première définition de l'article «épreuve», on lit ce que les élèves ressentent fort justement à la fin de leurs études : «Souffrance, malheur, danger qui éprouve le courage.» Pas surprenant alors qu'aux éditions Beauchemin on ait choisi Jeanne d'Arc bardée d'une cuirasse impénétrable comme emblème du livre qui doit préparer les élèves à cette inquisition finale.

Ensuite, l'uniforme... Tous semblables. Les élèves doivent être comme des robots, ils doivent apprendre tous les mêmes choses et porter fièrement le vernis culturel des belles lettres françaises qu'ils vont jeter aux orties une fois sortis de l'ornière de l'enseignement collégial. Ils n'en ont rien à foutre de ces connaissances littéraires artificielles imposées par des mécanismes rebutants de rédaction de textes.

Le site internet édifiant du superviseur général de l'épreuve uniforme de français écrit des quatre dernières années fait entrevoir l'idéal à atteindre. Les élèves doivent se conformer à un tel outillage de rédaction de texte qu'ils deviennent des bêtes de somme, sans autre originalité que de montrer leur obéissance à l'autorité de la méthode. Les compositions finales qui sont données en exemple témoignent plus d'une soumission totale à l'égard des critères de correction que d'une autonomie de pensée. Pour le dire clairement : les modèles de rédaction finale qui sont offerts aux élèves sur ce site, et dans d'autres livres sur la réussite de l'épreuve, sont d'une platitude consommée, à part quelques petits aspects où on voit poindre l'originalité étouffée de certains élèves.

Pas surprenant alors que les cours de français doivent être conformes à un programme soporifique. On veut endormir toute velléité d'autonomie de pensée, tant chez les professeurs que chez les élèves. On comprend aussi, que dans la même foulée de la réforme de l'enseignement du collégial, on ait enlevé un cours de philosophie.

Finalement, en divisant les professeurs entre eux, en multipliant les évaluation et les contrôles, en apeurant les élèves face à une épreuve unique, en identifiant un ennemi commun à combattre à l'extérieur du système actuel qu'on impose : tout ce qui s'était fait avant la réforme dans les cégeps est pourri-, on endort tout le monde. Machiavel n'aurait pas fait mieux.
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Guy Ferland