La Lanterne de Diogène

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Le Devoir, Édition du vendredi 1er novembre 2002

Les jeunes sont jeunes, point final

Quand on les respecte, ils nous le rendent bien et sont capables des plus beaux exploits

«Les jeunes sont pourris, ils ne connaissent rien, ils ne savent pas écrire, ils ne sont pas capables d'articuler leur pensée, ils n'ont pas de culture et ils ne sont pas aptes à fournir des efforts. De vrais mollusques assis devant leurs écrans de téléviseur et d'ordinateur, branchés sur leur baladeur. On a infantilisé les jeunes, qui sont devenus de parfaits petits consommateurs ignorants.»

Fort malheureusement, c'est le genre de discours que tiennent certains professeurs et professionnels dans le milieu de l'enseignement. Toutefois, ils n'oseront jamais l'avouer publiquement.

 Pourtant, les professeurs du secondaire et du postsecondaire qui profèrent des propos de ce genre ont tout faux, et cette attitude défaitiste doit teinter leur enseignement au point de rendre leurs cours déprimants. On comprend alors pourquoi les élèves leur renvoient l'image qu'ils ont eux-mêmes projetée.

En fait, les jeunes sont jeunes, point final. On ne leur pardonne pas cet avantage quand on les côtoie tous les jours. Ils sont beaux, en santé, fringants, dynamiques, pour peu qu'on ne les démotive pas trop. Ils sont parfois arrogants et impolis, aussi. Rarement. En plus de dix ans d'enseignement, donc plus de 3000 élèves rencontrés, je peux compter sur les doigts d'une main les jeunes vraiment malappris ou agressifs.

En réalité, les jeunes d'aujourd'hui sont en général bien élevés, ils connaissent des milliers de choses qu'on ignorait à leur âge, ils écrivent assez bien, ils articulent efficacement leur pensée, ils possèdent une culture moderne et ils sont aptes à fournir des efforts soutenus, au delà de nos espérances.

 Quand on respecte les jeunes, ils nous le rendent bien et sont capables des plus beaux exploits. Dans l'enseignement, cela se traduit par une présence aux cours, une participation active aux discussions et aux activités, une joie qui émerge de leurs yeux brillants d'intelligence et une énergie débordante, au point où ils veulent continuer les cours chez eux avec leurs parents et leurs amis en poursuivant les débats amorcés dans la classe. C'est le plus beau salaire pour un professeur.

La vitesse du monde

Évidemment, les élèves sont accaparés par la vitesse du monde contemporain et ne sont pas toujours aussi disponibles en classe. Il arrive qu'ils doivent travailler, car l'éducation n'est plus gratuite, comme dans le bon vieux temps. Ils paient des frais d'admission, des frais afférents, des frais de toute sorte, des volumes dispendieux, des effets scolaires hors de prix, des vêtements à la mode, des voitures chères, des cellulaires indispensables, des ordinateurs, etc. Sans compter qu'ils ne sont pas rémunérés grassement chez McDonald et qu'ils ont comme perspective d'avenir de payer davantage d'impôts et de taxes pour les personnes âgées plus nombreuses qui demanderont des soins.

Ils vont aussi en recevoir moins de l'État, qui ne peut plus fournir à la demande. Ils seront moins nombreux pour soutenir davantage de vieillards. Ils n'obtiendront presque rien, en pourcentage, de leurs versements aux caisses de retraite. Leurs si généreux prédécesseurs auront tout pris. Et les dépenses qui augmentent en santé et en éducation !

Bref, on peut se compter chanceux d'avoir des jeunes qui ont encore de l'énergie et de l'enthousiasme dans nos cours alors qu'ils sont si souvent abandonnés par ceux-là mêmes qui devraient les soutenir : leurs parents et leurs éducateurs. Je voudrais leur dire merci.

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