La Lanterne de Diogène

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Ce texte est paru dans La Presse du dimanche 22 mai 2005 à titre de lettre de la semaine.

Occupation double pour les jeunes

Guy Ferland, professeur de philosophie au Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse

Les jeunes d'aujourd'hui sont toujours occupés. Leurs agendas sont aussi chargés que celui du premier ministre du pays. On est loin de la société des loisirs qu'on leur destinait!

Par exemple, les horaires de cours des collégiens sont conçus de façon à ce qu'ils aient au bas mot une quarantaine d'heures de cours et de travaux à réaliser par semaine. Fini le temps de la fainéantise au cégep!

De plus, comme les jeunes travaillent presque tous au minimum 15 à 20 heures par semaine à l'extérieur de l'école, cela fait entre 55 à 60 heures de travail hebdomadairement!

Ce n'est pas pour rien que les jeunes sont exsangues à la fin des sessions et rendent souvent l'âme avant d'atteindre le diplôme tant convoité. Et c'est sans parler du nombre croissant de jeunes qui prennent des antidépresseurs ou d'autres médicaments pour passer au travers leurs études.

Pourquoi cette course folle vers les occupations doubles? Pourquoi les jeunes ont-ils tant de difficultés à rejoindre les deux bouts, soit concilier le travail et les études? Pourquoi abandonnent-ils des cours chemin faisant? Et pourquoi ont-ils d'aussi grosses difficultés à gérer leur vie personnelle et professionnelle d'étudiant et de travailleur?

On pourrait facilement leur reprocher qu'ils ne savent pas où mettre leurs priorités. S'ils travaillent autant, c'est qu'ils se sont créé des besoins artificiels tels les cellulaires, les automobiles, les vêtements griffés, les portables, les sorties, les jeux vidéo, les DVD, etc. Il faudrait aussi ajouter à cette liste les frais de scolarités sans cessent grandissants, les frais afférents, les frais cachés d'administration, le coût des manuels…

La performance a tout pris ou à tout prix?

Mais ce qui pousse davantage les jeunes vers la limite du supportable, c'est probablement la course endiablée vers la performance de la société de consommation.

Dès leur plus jeune âge, les enfants doivent performer à l'école. Ils doivent aussi exceller en suivant des activités toutes sortes : de la danse à la guitare, en passant par le patin, le hockey, le soccer, le tennis, le piano, la gymnastique, le dessin, etc. Il faut qu'ils étudient dans les meilleures écoles, les plus performantes, selon des palmarès. Il faut qu'ils aient la meilleure alimentation, les dents plus blanches et bien droites!

Bref, on veut le bien des jeunes en leur fournissant le plus possible des occasions de se réaliser dans des «occupations» variées pour leur intégration au monde de demain. Se faisant, on les prive de leur jeunesse en les transformant en singes savants pour la gloire des parents.

Pas étonnant alors qu'ils soient aussi occupés que leurs géniteurs qui courent après leur souffle entre le travail et les obligations familiales. L'exemple vient de haut. Et la boucle est bouclée!

Ils vont finir par prendre les mêmes remèdes que leurs parents pour avaler la difficile pilule de la performance qui a tout pris. Et l'école n'aura servi que de tremplin vers ce meilleur des mondes de demain où tous performeront et consommeront ad vitam aeternam avec le paradis à la fin des jours. Amen!