La Lanterne de Diogène

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Notes de cours pour accompagner l'étude du manuel de Michel Métayer, La Philosophie éthique, enjeux et débats actuels, aux éditions ERPI.

Les sentiments ou la raison?

I. L'éthique du sentiment de David Hume

Qu'est-ce qui nous pousse à agir moralement? La raison ou les sentiments? (Il a agi raisonnablement, il ne s'est pas laissé emporter par les sentiments, etc.).

On aurait tendance à dire que la raison doit dominer nos sentiments spontanés et égoïstes si on veut agir moralement. Il y aurait une lutte entre nos bons sentiments et nos mauvais sentiments, et c'est la raison qui fait le partage.

Exemple : Annonce du partage d'un morceau de gâteau avec son petit frère n'est pas un geste spontané, cela provient davantage de l'idée du partage comme bon en soi que du sentiment du partage. On doit apprendre à partager.

Pourtant, certains philosophes ont avancé l'argument inverse, la moralité n'est jamais aussi sûrement suivie que lorsqu'on se laisse guider par les sentiments.

Thèse : les sentiments constituent les meilleures sources de motivation morale.

a) On agit par les sentiments. Ce sont eux qui nous pousse à l'avant. Exemple : Quelqu'un se noie, on est transporté par les sentiments pour lui venir en aide. Quelqu'un pleure, on est immédiatement touché par sa peine. On veut la réconforter. «Seuls des sentiments, des désirs ou des passions peuvent constituer des motivations.» David Hume (1711-1776).

b) Pour Hume, il existe une sympathie naturelle chez les humains. On possède une tendance naturelle à éprouver de la bienveillance pour nos semblables et tout ce qui est agréable, utile et apporte du bonheur suscite de l'admiration et de l'imitation. On évite le mal et on est attiré par le bien, le bon.

Par exemple, c'est une tendance naturelle de préserver l'estime de soi qui nous pousse à partager notre morceau de gâteau ou notre pointe de tarte… On veut mériter l'admiration aussi.

On trouve beau et plaisant le spectacle de la moralité et déplaisant et répugnant le spectacle de l'immoralité.

c) Limites de cette perspective en moral

1.      L'inconstance des sentiments :

Exemples :

2.      Le manque de clairvoyance :

Exemples :

3.      La partialité due à la proximité :

Exemples :

d) Solution de Hume : La raison nous permet de contrôler nos sentiments. Mais ce sont les sentiments qui guident les actions, qui les stimulent, qui les motivent.

La raison nous permet de prendre du recul face à nos sentiments spontanés pour nous faire prendre de bonnes décisions.

Exemples :

C'est avec l'aide de la raison qu'on peut établir des règles de justice, des lois applicables dans la société.

Exemples :


II. La morale rationnelle

Thèse : C'est sur la raison qu'on doit fonder la morale. La morale doit être impartiale (Les règles doivent être objectives et s'appliquer à tous les humains de la même manière). On doit dépasser notre point de vue égoïste en se mettant dans la peau des autres.

a) Selon cette approche, le sens moral se développe chez les individus en même temps que les facultés intellectuelles et rationnelles. On acquiert de plus en plus de maturité morale en se dégageant de nos pulsions, de nos sentiments personnels et spontanés en prenant en considération les autres et leurs besoins.

Rappel de Piaget et de Kohlberg. Le développement moral de l'enfant qui apprend à distinguer entre ses sentiments égoïstes et le point de vue des autres. Lentement, on en vient à s'identifier mentalement à autrui pour comprendre ses réactions et ses sentiments. On en vient à pouvoir changer de perspective. C'est la réciprocité en morale.

b) Règle d'or de la morale : «Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse.» (Autre formulation possible : «Aime ton prochain comme toi-même.») Morale de la réciprocité. Simple à comprendre et à appliquer. De portée universelle, car elle implique l'égalité entre les personnes et l'impartialité des perspectives.

Avantage du raisonnement : tout le monde peut se mettre à la place de l'autre et se demander : est-ce que j'aimerais que l'autre agisse de la même façon en ce moment avec moi? Est-ce que j'aimerais que l'autre me mente, me batte, me trompe, me joue dans le dos, etc.?

c) Problèmes :

1.      Règle qui fait encore trop de place aux sentiments de compassion. On pourrait mentir pour tirer quelqu'un qu'on aime d'un mauvais pas. Aider quelqu'un à copier parce qu'on l'aime. «Aime ton prochain comme toi-même.»

2.      Accorde trop de place à la subjectivité : on juge d'après nos propres expériences. On évalue les réactions d'autrui à partir de soi-même. À l'affirmative la règle dirait : «Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on te fasse.»

3. Règle négative : elle ne dit pas quoi faire et comment faire, mais seulement ce qu'il ne faut pas faire.

Exemples :