La Lanterne de Diogène
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Pierre-Marie Pouget : La lanterne de Diogène – L'incertitude d'être un homme –
Une morale ouverte Diogène se promène en plein midi, dans les rues d'Athènes, une lanterne allumée à la main. Aux passants intrigués, il déclare qu'il cherche un homme. Les braves gens s'offusquent. Pour qui les prend-on ? Cette conduite de Diogène, paroles incluses, peut nous alerter. Sommes-nous absolument sûrs de remplir les conditions essentielles pour être un homme ? Nous croyons en être un, comme s'il s'agissait d'un fait établi. La lanterne de Diogène dérange cette conviction communément répandue. Elle nous provoque à ne pas nous satisfaire du moule qui façonne ce que nous appelons un homme. Nous nous abritons volontiers dans un ensemble de références toutes tracées. Nous savons, dès lors, ce qui se fait ou ne se fait pas. Un cadre prédigéré d'usages nous dispense de réfléchir par nous-mêmes. Tout se passe en vertu de règles déterminées, sans que personne n'y soit vraiment pour quelque chose. La conduite de Diogène choque ce monde d'opinions toutes faites. Elle perturbe les vues rassurantes de chacun sur ce qu'il entend par être un homme. Elle sème le trouble sur le territoire neutre du «chacun-pour-soi», qui enferme l'individu loin de tout engagement personnel. Elle révèle que chacun ressemble à tout le monde, mal pris qu'il est dans son choix sécuritaire, très conformiste. Nous vivons dans une si grande indifférence mutuelle que bien trop fréquemment nous ne nous sentons pas responsables d'autrui. [Extrait de l'introduction] |