CLASSE
1 : LES OBSTACLES RELATIFS AUX SENSATIONS
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1 :
Le quotidiennocentrisme
D’une
part, nos sens sont conçus pour percevoir les types de stimuli particuliers,
de notre environnement, qui sont pertinents pour notre vie au quotidien
(il en est d’ailleurs ainsi chez toutes les espèces animales, en
fonction de leur mode de vie spécifique). Nos sens sont donc incapables
de percevoir tous les types de stimulus de l’environnement. Nous
ne pouvons voir, du spectre lumineux, que la partie dite « visible » :
nous sommes aveugles aux ondes radio, aux rayons X, aux infrarouges,
etc. Nous ne pouvons entendre ni les ultrasons ni les infrasons.
Notre odorat est très limité par rapport à celui d’autres animaux.
Nous sommes incapables de détecter les champs électriques de notre
environnement, comme le font certains poissons, ni les champs magnétiques,
comme le font certains oiseaux migrateurs. Etc.
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D’autre
part, nos sens ont des seuils de sensibilité : si un stimulus
donné, qu’un organe sensoriel est capable en principe de percevoir,
se situe en deçà d’un certain seuil, cet organe n’y réagit pas.
Nous ne pouvons pas, par exemple, voir directement avec nos yeux
tout ce qui émet ou réfléchit de la lumière visible : les cellules
des êtres vivants sont trop petites ; les satellites de Jupiter
et les galaxies lointaines ne sont pas assez brillants ; etc. Nous
ne pouvons pas, par exemple, entendre une mélodie si l’intensité
sonore se situe en deçà du seuil de l’oreille. Etc.
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LE
DOMAINE PERCEPTIBLE DE LA RÉALITÉ
Nous
allons nommer « domaine perceptible de la réalité » l’ensemble
des stimuli que nos sens sont effectivement capables de percevoir,
à l’intérieur des possibilités qui sont les leurs. Le domaine perceptible
de la réalité n’est donc qu’un sous-domaine de la réalité. Il n’est
en rien représentatif de l’ensemble de la réalité, qui s’étale de
l’infiniment petit à l’infiniment grand.
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LE
QUOTIDIENNOCENTRISME
Le
quotidiennocentrisme consiste à croire implicitement, inconsciemment,
que ce que nous percevons effectivement de la réalité, par nos sens,
dans notre vie quotidienne, est représentatif de l’ensemble de la
réalité. Le quotidiennocentrisme est la cause première de l’anthropocentrisme
et de l’anthropomorphisme. Le quotidiennocentrisme ajoute implicitement
une exigence supplémentaire illégitime au critère
de vérité principal des sciences : pour être jugée probablement
vraie, « une hypothèse ne doit pas contredire notre intuition
et doit être conforme au gros bon sens ».
Ainsi,
les objets et processus qui se situent à l’extérieur du domaine
perceptible de la réalité, comme ceux qui relèvent de la mécanique
quantique (particules microscopiques), de la génétique, de la chimie
des êtres vivants ou encore de l’astronomie, nous semblent étranges,
impossibles, « trop » complexes pour pouvoir exister,
démesurés, incohérents, contre-intuitifs ou contre le bon sens.
Ici, c’est nous qui avons tort : il en est ainsi uniquement
parce que rien de semblable ne se manifeste dans le domaine perceptible
de la réalité. Parce que les objets et processus qui se situent
hors du domaine perceptible de la réalité ne ressemblent pas à
ce à quoi l’expérience de la vie quotidienne nous a habitué ; d’ailleurs,
pourquoi en serait-il autrement ? Mais tout ce qui se trouve à l’extérieur
du domaine perceptible de la réalité n’est pas moins important ni
« moins réel » que ce qui se trouve à l’intérieur, même
si le fait ne pas pouvoir percevoir ces objets et ces processus
directement par nos sens nous procure cette impression trompeuse.
Cette impression trompeuse ne doit en aucun cas servir de critère
implicite pour juger de la valeur de vérité des idées : elle
doit être plutôt comprise comme une révélation des limites de notre
capacité à imaginer. Seuls les deux
critères de vérité des sciences sont légitimes pour juger de
la valeur de vérité des idées.
Pour
que la quête de la vérité sur ce qu’est la réalité et sur comment
elle fonctionne puisse dépasser le domaine perceptible de la réalité,
il est donc indispensable d’utiliser des instruments de mesure qui
servent d’extension à nos sens : microscopes, télescopes, caméras
à infrarouge, spectromètres, voltmètres, etc.
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2 :
Les sens ne peuvent pas quantifier les faits
Les
sens n’ont pas la capacité de quantifier les stimuli qu’ils sont
capables de percevoir, c’est-à-dire de les représenter par des nombres
ou des équations. Par exemple, mes oreilles sont capables d’entendre
un arbre qui tombe en forêt, mais incapables de me donner le spectre
des intensités des différentes fréquences sonores qui constituent
le bruit. Mes yeux sont capables de voir une pomme qui tombe, mais
incapables de voir l’équation de la gravité qui régit cette chute.
Bien entendu, la quantification des faits n’est d’aucune utilité
pour fonctionner dans notre environnement quotidien. Cependant,
il se trouve que les mathématiques sont le langage du réel :
la quantification des faits devient une nécessité pour la quête
de la vérité sur ce qu’est la réalité et sur comment
elle fonctionne. Par conséquent,
pour chercher cette vérité, nous sommes condamnés à devoir utiliser
des instruments de mesure capables de quantifier les faits… et à
devoir effectuer un travail mental considérable qui dépasse le seul
travail de la perception !
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EXEMPLE :
QUANTIFICATION D’UN BRUIT
Supposons
que trois personnes se trouvent dans une forêt au moment où un arbre
tombe. Pour la première personne, le bruit est aigu. Pour la deuxième,
il est grave. La troisième personne est sourde : pour elle
il n’y a pas de bruit du tout. Comment ces trois personnes peuvent-elles
en arriver à une connaissance universelle de ce bruit (en tant que
phénomène physique et non en tant que perception) ? Grâce à la quantification
de ce bruit ! Ainsi, chacune des trois personnes aura pris soin
d’apporter avec elle son spectromètre sonore domestique. Cet appareil
est capable de représenter le bruit de l’arbre qui tombe par un
ensemble de nombres : il déterminera le spectre du bruit, c’est-à-dire
l’intensité (en décibels) des différentes fréquences (en Hertz ou
cycles par seconde) qui constituent le bruit. Peu importe que le
bruit paraisse aigu à l’un, grave à l’autre, ou même inexistant
à la personne sourde : les trois spectromètres produiront exactement
les mêmes nombres, puisque le bruit est en soi objectif. Grâce à
son spectromètre domestique, même la personne sourde saura qu’il
y a effectivement eu un bruit ! Le spectre du bruit sera une description
objective et universelle du bruit (en tant que phénomène physique)
incorporée à la représentation mentale de la réalité des trois personnes.
Les faits sont objectifs et indépendants des personnes qui les perçoivent
subjectivement… ou qui ne les perçoivent pas du tout ! Par la suite,
lorsque ces trois personnes chercheront à passer de la description
du bruit à l’explication, elles partiront – bien sûr - du spectre
objectif commun.
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CLASSE
2 : LES OBSTACLES RELATIFS AUX PERCEPTIONS ET À LA REPRÉSENTATION
MENTALE
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3 :
La sélectivité
Comme
il a déjà été mentionné,
le cerveau reçoit à chaque instant des influx nerveux provenant
de tous les sens : vue, ouïe, odorat, toucher, proprioception,
sens de l’équilibre, etc. S’il devait tenir compte de toutes ces
sensations, il ne pourrait plus fonctionner. Le cerveau ne retiendra
donc qu’une partie des sensations reçues à un instant donné et ignorera
les autres. Cette sélection s’opère sur la base de ce sur quoi l’attention
se porte à l’instant immédiat, des intérêts immédiats, des besoins
immédiats, de la motivation immédiate, etc. Le cerveau ignorera
les stimuli qui n’ont pas pour lui d’importance au moment présent.
Par
conséquent, la description mémorisée d’une situation donnée est
nécessairement incomplète et biaisée. Notre représentation mentale
de la réalité est donc nécessairement partielle, partiellement fausse
et fragmentée. Cela entraîne un effet pervers : notre
mémoire a tendance à ne retenir que les faits qui confirment nos
croyances et à oublier ceux qui les contredisent.
Par
exemple, imaginons que je crois déjà, au départ, à l’astrologie.
Un astrologue me prédit que je vais recevoir un montant d’argent
et rencontrer l’âme sœur dans les deux prochains mois. Je finis
par gagner effectivement, à la loto, un montant de 15 dollars à
l’intérieur des deux mois. Mais je ne rencontre pas l’âme sœur.
(Ouf, je l’ai échappé belle !) J’aurai tendance à retenir sélectivement
la prédiction qui s’est réalisée et à oublier l’autre. Ainsi, mes
souvenirs biaisés me confirmeront que l’astrologie est vraie puisque
ses prédictions se réalisent : j’ai effectivement reçu un montant
d’argent de 15 dollars ! Il ne faut donc pas juger de la valeur
de vérité de l’astrologie sur la base que des prédictions se réalisent
effectivement : il faut le faire sur la base que seulement
quelques prédictions se réalisent effectivement. On ne doit jamais
valider une idée sur la base d’anecdotes, retenues sélectivement
par le cerveau : il faut toujours regarder le portrait d’ensemble
des faits.
Le
cerveau ignore sélectivement les sensations qui ne sont pas pertinentes
à ses dispositions du moment… Ainsi, lors d’une expérience, il se
peut que des phénomènes se manifestent et que les scientifiques
les ignorent parce que ces derniers sont en train de chercher autre
chose. Les scientifiques peuvent ainsi parfois passer à côté de
découvertes potentielles. En étant conscient du phénomène de la
sélectivité, les scientifiques peuvent être plus vigilants lors
de leurs expériences. De même, il nous arrive, au quotidien, de
rater des opportunités parce que nous avions la tête ailleurs… Cette
charmante femme n’a peut-être pas remarqué le charmant homme qui
lui faisait de l’œil au parc en après-midi parce qu'elle était
en train de se demander où sortir en soirée pour rencontrer des
hommes…
De
même, si le cerveau reçoit une sensation à laquelle il est incapable
d’attribuer une signification par manque de connaissances dans la
mémoire, il risque tout simplement d’ignorer cette sensation. Par
exemple, une personne qui ne sait pas quel bruit fait un arbre qui
tombe dans une forêt sera bien embêtée si elle entend ce bruit lors
d’une randonnée. Comme son cerveau est incapable d’associer ce stimulus
à une information déjà présente dans sa représentation mentale de
la réalité, pour lui donner un sens (« un arbre qui tombe »),
son cerveau risque d’ignorer ce stimulus. Celui-ci ne sera pas mémorisé.
De retour chez elle, la personne ne se souviendra pas que quelque
chose de particulier se soit produit lors de sa randonnée. En sciences,
des stimuli incompréhensibles, qui surgissent inopinément lors d’observations
ou d’expériences portant sur autre chose, peuvent être la source
de nouvelles découvertes, puisqu’ils peuvent relever d’aspects
encore inconnus de la réalité. En étant conscients du fonctionnement
de la perception, nous pouvons être plus vigilants.
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4 :
L’organisation excessive
Le
cerveau cherche constamment à établir des liens entre des sensations
ainsi qu’entre des perceptions et des idées de la représentation
mentale de la réalité. Ce besoin d’organisation peut devenir excessif
et amener le cerveau, sans qu’il s’en rende compte, à créer des
liens là où il n’en existe en fait aucun. Le cerveau peut ainsi
confondre causalité avec corrélation et coïncidence. Le cerveau
a tendance à percevoir un lien de cause à effet entre deux phénomènes
qui se succèdent à l’intérieur d’un court laps de temps ou encore
qui surviennent habituellement ensemble.
Par
exemple, je constate que le gazon pousse habituellement plus rapidement
après des pluies abondantes. J’en conclu que les pluies abondantes
sont la cause de la croissance accélérée du gazon. C’est ainsi que,
par l’expérience et l’habitude, le cerveau, qui naît ignorant de
tout (mis à part les quelques comportements innés), développe graduellement
sa représentation mentale de la réalité. À la suite des prochaines
pluies abondantes, mon cerveau s’attendra à voir le gazon pousser
plus rapidement.
Deux
phénomènes qui surviennent habituellement ensemble sont dits « corrélés ».
Il y a une corrélation entre les pluies abondantes et la croissance
accélérée du gazon. Dans ce dernier cas, la corrélation témoigne
d’un lien de causalité. Mais toute corrélation ne témoigne pas automatiquement
d’un lien de causalité ! En effet, deux phénomènes corrélés peuvent
avoir une cause commune : le premier à se produire n’est pas
alors la cause du second ! On pourrait dire que les liens de causalité
sont un cas particulier des liens de corrélation. Par exemple, les
alcooliques sont souvent également des fumeurs (bien que les fumeurs
ne soient pas automatiquement des alcooliques !) L’alcoolisme n’est
pas la cause du tabagisme… ni l’inverse ! Cependant, l’alcoolisme
et le tabagisme ont des causes psychosociales et physiologiques
communes : c’est pourquoi ils sont corrélés chez les alcooliques.
Lorsque
deux phénomènes sont corrélés, il peut donc arriver que le premier
soit la cause du second, ou encore que les deux phénomènes aient
une cause commune. Mais il existe une troisième possibilité :
le hasard peut être responsable de la corrélation ! Il n’existe
alors aucun lien entre les deux phénomènes. Une corrélation accidentelle
est appelée une coïncidence. Il arrive, par exemple, qu’un ou une
ami(e) me téléphone au moment où je pense à lui ou à elle :
il s’agit là d’une simple coïncidence, même si mon cerveau cherche
à établir un lien de causalité entre ces deux événements qui surviennent
ensemble. Le fait que j’aie pensé à mon ami(e) n’est pas la cause
de son appel. Pas plus que le fait que mon ami(e) allait m’appeler
serait la cause du fait que j’aie pensé à lui ou à elle ; d’ailleurs,
dans ce dernier cas, cela impliquerait que la causalité puisse remonter
dans le temps, c’est-à-dire que la cause d’un phénomène qui se déroule
maintenant soit dans le futur ! La sélectivité (obstacle
3) peut renforcer notre conviction erronée qu’une coïncidence
soit le témoin d’un lien de causalité. Par exemple, je retiendrai
sélectivement les fois où un ou une ami(e) à qui je pensais m’a
effectivement téléphoné et j’oublierai toutes les fois où je pensais
à un ou une ami(e) et que celui-ci ou celle-ci ne m’a pas téléphoné
!
Méfions-nous
donc de la tendance qu’a notre cerveau à percevoir des liens de
causalité partout, même là où il n’en existe pas !
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5 :
L’interprétation erronée
Notre
cerveau, en plus de chercher continuellement des liens, cherche
continuellement des significations. Par exemple, il se peut qu’en
arrivant au travail le matin un ou une collègue me fasse un air
inamical. Mon cerveau risque d’interpréter cette attitude comme
une manifestation d’hostilité dirigée contre moi. Je me demanderai
par la suite si j’ai offusqué cette personne la veille ou encore
si cette personne a des problèmes personnels responsables d’une
hostilité non justifiée. Mais peut-être que cette attitude n’a rien
à voir avec moi : cette personne a peut-être reçu une mauvaise
nouvelle la veille. Dans ce cas, la signification (l’hostilité dirigée
contre moi) que le cerveau a donné au fait perçu (l’air inamical)
serait erronée. Il ne faut pas prendre pour acquis que l’interprétation
spontanée d’un fait est nécessairement la bonne, même s’il nous
semble qu’elle ne peut qu’être la bonne.
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LES
CENTRISMES
Nous
appellerons « centrisme » toute tendance qu’a le cerveau
- parfois à raison, parfois à tort - à tout rapporter à lui-même
et à ce qu’il connaît. Il existe trois formes principales de
centrisme : 1) l’égocentrisme, qui consiste à rapporter tout ce
qui existe à soi, comme si nous étions la raison d’être de l’univers
; 2) l’anthropocentrisme, qui consiste à rapporter tout ce qui existe
à l’humain, comme si l’humain était la raison d’être de l’univers
; 3) le quotidiennocentrisme, qui consiste à chercher à faire cadrer
tout ce qui existe avec le domaine
perceptible de la réalité, et à rejeter tout ce qui ne peut
pas y cadrer, comme si le domaine perceptible de la réalité était
représentatif de l’ensemble de la réalité. Les centrismes sont une
cause importante, souvent inconsciente, d’interprétations erronées.
Ajoutons
que l’anthropomorphisme dérive de l’anthropocentrisme et du quotidiennocentrisme.
L’anthropomorphisme consiste à croire que tout ce qui existe est
fait à l’image et à l’échelle de l’humain.
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6 :
Les défauts de récupération du contenu de la mémoire à long terme
Il
nous arrive d’être incapable de récupérer une information (un souvenir,
un mot, une idée, etc.) qui se trouve dans la mémoire à long terme :
nous disons alors que nous l’avons sur le bout de la langue. Lorsque
nous réfléchissons, que ce soit sur la valeur de vérité d’une idée
ou sur tout autre sujet, il est possible que, sans nous en rendre
compte, nous omettions des éléments importants tout simplement parce
que la mémoire de travail n’est pas allée les récupérer dans la
mémoire à long terme. Nous disons alors que nous n’y avions pas
pensé.
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7 :
La persévérance indue des croyances
La
mémoire à long terme peut oublier des liens qui existent entre des
idées. Si nous modifions la description ou l’explication que nous
avons d’un fait, nous ne ferons pas les réajustements appropriés
auprès des autres idées qui lui sont reliées. Par exemple, le lien
suivant pourrait, initialement, se créer dans mon esprit :
« j’ai entendu une soucoupe volante passer lors d’une randonnée
en forêt. Donc, j’en conclus que nous sommes visités par des
extraterrestres ». Le lien pourrait par la suite être oublié. Ainsi,
si dans le futur je remplace l’explication « j’ai entendu une
soucoupe volante passer » par « j’ai entendu un arbre
tomber », je ne ferai pas le réajustement que le lien initial
(le « donc ») implique et je continuerai à croire que
« nous sommes visités par des extraterrestres ». Ce phénomène
se nomme la « persévérance indue des croyances ».
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8 :
La modification des souvenirs
Les
souvenirs peuvent se modifier avec le temps car ils ont tendance
à se mélanger avec les nouvelles expériences que nous vivons ou
avec d’autres souvenirs. Plus un souvenir est souvent remémoré par
la mémoire de travail et plus il risque d’être altéré. Ce phénomène
se produit sans que nous nous en rendions compte ; nous croyons
toujours spontanément que nos souvenirs sont intacts.
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9 :
Les souvenirs fictifs
Certains
souvenirs sont carrément fictifs : les situations qu’ils représentent
n’ont jamais eu lieu. Nous pouvons néanmoins nous sentir certains
de leur authenticité ! C'est le cas par exemple avec les potins.
Il est facile de s'imaginer des choses sur une personne à
partir de ce que l'on connaît d'elle. Puis, à force
de se répéter ces choses, on finira par oublier leur
origine véritable et par devenir certain qu'elles sont vraies.
Voir
aussi à ce sujet l'obstacle
15 : le désir de croire.
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10 :
Le sentiment de certitude injustifié en nos souvenirs
Nous
avons tendance à éprouver un sentiment de certitude injustifié à
l’égard de nos souvenirs : nous pouvons nous sentir absolument certains
qu’un souvenir est juste, même si celui-ci a été modifié ou est
carrément fictif.
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11 :
L’accès à la mémoire à long terme est fragmenté
Comme
il a déjà été mentionné,
la mémoire de travail est capable de contenir simultanément quelques
éléments pour une durée maximale de quelques secondes à quelques
minutes. Il est donc impossible à la mémoire de travail de récupérer
simultanément toutes les informations contenues dans la mémoire
à long terme pour en faire une évaluation exhaustive. Par conséquent,
il se peut que nous ayons dans notre mémoire à long terme des croyances
qui sont incompatibles sans que nous soyons capables de nous en
rendre compte. Le seul moyen de contourner cet obstacle est de travailler
en groupe. Les autres nous aideront à détecter nos contradictions
internes, et réciproquement.
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