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Introduction

1 : Philosophie

2 : Réalité

3 : Logique

4 : Psychologie

5 : Raisonnement

6 : Obstacles

7 : Postulats

8 : Sciences

Conclusion

 

 

PARTIE 6 : LES PRINCIPAUX OBSTACLES AU JUGEMENT ÉCLAIRÉ

 

Rappelons que nous utilisons le mot « croyance » au sens « d’idée que l’on juge être vraie ou très probablement vraie », et non au sens de « croyance religieuse », « d’idée de peu de valeur » ou encore « d’opinion propre à chacun ».

Tous les humains sont sujets, lorsqu'ils réfléchissent, à trébucher sur des obstacles sans s'en apercevoir. Les scientifiques comme les autres. Cependant, en étant conscients de ces obstacles, les scientifiques, ainsi que nous tous d'ailleurs, seront plus vigilants : cette vigilance consciente et volontaire, au niveau individuel, diminuera les risques de heurter l'un des nombreux obstacles au jugement éclairé. Au niveau collectif, si nous tous prenons conscience de l'existence de ces obstacles, nous pourrons nous corriger les uns les autres lorsque l'un d'entre nous trébuchera sur un obstacle sans s'en rendre compte.

Les principaux obstacles au jugement éclairé que nous allons maintenant présenter se recoupent : ils ne sont pas mutuellement exclusifs.

Partie 5

PLAN DE LA PARTIE 6

CLASSE 2 : LES OBSTACLES RELATIFS AUX PERCEPTIONS ET À LA REPRÉSENTATION MENTALE

CLASSE 3 : LES OBSTACLES RELATIFS AU RAISONNEMENT

CLASSE 4 : LES ERREURS DE VERDICT

 

CLASSE 1 : LES OBSTACLES RELATIFS AUX SENSATIONS

1 : Le quotidiennocentrisme

D’une part, nos sens sont conçus pour percevoir les types de stimuli particuliers, de notre environnement, qui sont pertinents pour notre vie au quotidien (il en est d’ailleurs ainsi chez toutes les espèces animales, en fonction de leur mode de vie spécifique). Nos sens sont donc incapables de percevoir tous les types de stimulus de l’environnement. Nous ne pouvons voir, du spectre lumineux, que la partie dite « visible » : nous sommes aveugles aux ondes radio, aux rayons X, aux infrarouges, etc. Nous ne pouvons entendre ni les ultrasons ni les infrasons. Notre odorat est très limité par rapport à celui d’autres animaux. Nous sommes incapables de détecter les champs électriques de notre environnement, comme le font certains poissons, ni les champs magnétiques, comme le font certains oiseaux migrateurs. Etc.

D’autre part, nos sens ont des seuils de sensibilité : si un stimulus donné, qu’un organe sensoriel est capable en principe de percevoir, se situe en deçà d’un certain seuil, cet organe n’y réagit pas. Nous ne pouvons pas, par exemple, voir directement avec nos yeux tout ce qui émet ou réfléchit de la lumière visible : les cellules des êtres vivants sont trop petites ; les satellites de Jupiter et les galaxies lointaines ne sont pas assez brillants ; etc.  Nous ne pouvons pas, par exemple, entendre une mélodie si l’intensité sonore se situe en deçà du seuil de l’oreille. Etc.

LE DOMAINE PERCEPTIBLE DE LA RÉALITÉ

Nous allons nommer « domaine perceptible de la réalité » l’ensemble des stimuli que nos sens sont effectivement capables de percevoir, à l’intérieur des possibilités qui sont les leurs. Le domaine perceptible de la réalité n’est donc qu’un sous-domaine de la réalité. Il n’est en rien représentatif de l’ensemble de la réalité, qui s’étale de l’infiniment petit à l’infiniment grand.

LE QUOTIDIENNOCENTRISME

Le quotidiennocentrisme consiste à croire implicitement, inconsciemment, que ce que nous percevons effectivement de la réalité, par nos sens, dans notre vie quotidienne, est représentatif de l’ensemble de la réalité. Le quotidiennocentrisme est la cause première de l’anthropocentrisme et de l’anthropomorphisme. Le quotidiennocentrisme ajoute implicitement une exigence supplémentaire illégitime au critère de vérité principal des sciences : pour être jugée probablement vraie, « une hypothèse ne doit pas contredire notre intuition et doit être conforme au gros bon sens ».

Ainsi, les objets et processus qui se situent à l’extérieur du domaine perceptible de la réalité, comme ceux qui relèvent de la mécanique quantique (particules microscopiques), de la génétique, de la chimie des êtres vivants ou encore de l’astronomie, nous semblent étranges, impossibles, « trop » complexes pour pouvoir exister, démesurés, incohérents, contre-intuitifs ou contre le bon sens. Ici, c’est nous qui avons tort : il en est ainsi uniquement parce que rien de semblable ne se manifeste dans le domaine perceptible de la réalité. Parce que les objets et processus qui se situent hors du domaine perceptible de la réalité ne  ressemblent pas à ce à quoi l’expérience de la vie quotidienne nous a habitué ; d’ailleurs, pourquoi en serait-il autrement ? Mais tout ce qui se trouve à l’extérieur du domaine perceptible de la réalité n’est pas moins important ni « moins réel » que ce qui se trouve à l’intérieur, même si le fait ne pas pouvoir percevoir ces objets et ces processus directement par nos sens nous procure cette impression trompeuse. Cette impression trompeuse ne doit en aucun cas servir de critère implicite pour juger de la valeur de vérité des idées : elle doit être plutôt comprise comme une révélation des limites de notre capacité à imaginer. Seuls les deux critères de vérité des sciences sont légitimes pour juger de la valeur de vérité des idées.

Pour que la quête de la vérité sur ce qu’est la réalité et sur comment elle fonctionne puisse dépasser le domaine perceptible de la réalité, il est donc indispensable d’utiliser des instruments de mesure qui servent d’extension à nos sens : microscopes, télescopes, caméras à infrarouge, spectromètres, voltmètres, etc.

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2 : Les sens ne peuvent pas quantifier les faits

Les sens n’ont pas la capacité de quantifier les stimuli qu’ils sont capables de percevoir, c’est-à-dire de les représenter par des nombres ou des équations. Par exemple, mes oreilles sont capables d’entendre un arbre qui tombe en forêt, mais incapables de me donner le spectre des intensités des différentes fréquences sonores qui constituent le bruit. Mes yeux sont capables de voir une pomme qui tombe, mais incapables de voir l’équation de la gravité qui régit cette chute. Bien entendu, la quantification des faits n’est d’aucune utilité pour fonctionner dans notre environnement quotidien. Cependant, il se trouve que les mathématiques sont le langage du réel : la quantification des faits devient une nécessité pour la quête de la vérité sur ce qu’est la réalité et sur comment elle fonctionne. Par conséquent, pour chercher cette vérité, nous sommes condamnés à devoir utiliser des instruments de mesure capables de quantifier les faits… et à devoir effectuer un travail mental considérable qui dépasse le seul travail de la perception !

EXEMPLE : QUANTIFICATION D’UN BRUIT

Supposons que trois personnes se trouvent dans une forêt au moment où un arbre tombe. Pour la première personne, le bruit est aigu. Pour la deuxième, il est grave. La troisième personne est sourde : pour elle il n’y a pas de bruit du tout. Comment ces trois personnes peuvent-elles en arriver à une connaissance universelle de ce bruit (en tant que phénomène physique et non en tant que perception) ? Grâce à la quantification de ce bruit ! Ainsi, chacune des trois personnes aura pris soin d’apporter avec elle son spectromètre sonore domestique. Cet appareil est capable de représenter le bruit de l’arbre qui tombe par un ensemble de nombres : il déterminera le spectre du bruit, c’est-à-dire l’intensité (en décibels) des différentes fréquences (en Hertz ou cycles par seconde) qui constituent le bruit. Peu importe que le bruit paraisse aigu à l’un, grave à l’autre, ou même inexistant à la personne sourde : les trois spectromètres produiront exactement les mêmes nombres, puisque le bruit est en soi objectif. Grâce à son spectromètre domestique, même la personne sourde saura qu’il y a effectivement eu un bruit ! Le spectre du bruit sera une description objective et universelle du bruit (en tant que phénomène physique) incorporée à la représentation mentale de la réalité des trois personnes. Les faits sont objectifs et indépendants des personnes qui les perçoivent subjectivement… ou qui ne les perçoivent pas du tout ! Par la suite, lorsque ces trois personnes chercheront à passer de la description du bruit à l’explication, elles partiront – bien sûr - du spectre objectif commun.

CLASSE 2 : LES OBSTACLES RELATIFS AUX PERCEPTIONS ET À LA REPRÉSENTATION MENTALE

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3 : La sélectivité

Comme il a déjà été mentionné, le cerveau reçoit à chaque instant des influx nerveux provenant de tous les sens : vue, ouïe, odorat, toucher, proprioception, sens de l’équilibre, etc. S’il devait tenir compte de toutes ces sensations, il ne pourrait plus fonctionner. Le cerveau ne retiendra donc qu’une partie des sensations reçues à un instant donné et ignorera les autres. Cette sélection s’opère sur la base de ce sur quoi l’attention se porte à l’instant immédiat, des intérêts immédiats, des besoins immédiats, de la motivation immédiate, etc. Le cerveau ignorera les stimuli qui n’ont pas pour lui d’importance au moment présent.

Par conséquent, la description mémorisée d’une situation donnée est nécessairement incomplète et biaisée. Notre représentation mentale de la réalité est donc nécessairement partielle, partiellement fausse et fragmentée. Cela entraîne un effet pervers : notre mémoire a tendance à ne retenir que les faits qui confirment nos croyances et à oublier ceux qui les contredisent.

Par exemple, imaginons que je crois déjà, au départ, à l’astrologie. Un astrologue me prédit que je vais recevoir un montant d’argent et rencontrer l’âme sœur dans les deux prochains mois. Je finis par gagner effectivement, à la loto, un montant de 15 dollars à l’intérieur des deux mois. Mais je ne rencontre pas l’âme sœur. (Ouf, je l’ai échappé belle !) J’aurai tendance à retenir sélectivement la prédiction qui s’est réalisée et à oublier l’autre. Ainsi, mes souvenirs biaisés me confirmeront que l’astrologie est vraie puisque ses prédictions se réalisent : j’ai effectivement reçu un montant d’argent de 15 dollars ! Il ne faut donc pas juger de la valeur de vérité de l’astrologie sur la base que des prédictions se réalisent effectivement : il faut le faire sur la base que seulement quelques prédictions se réalisent effectivement. On ne doit jamais valider une idée sur la base d’anecdotes, retenues sélectivement par le cerveau : il faut toujours regarder le portrait d’ensemble des faits.

Le cerveau ignore sélectivement les sensations qui ne sont pas pertinentes à ses dispositions du moment… Ainsi, lors d’une expérience, il se peut que des phénomènes se manifestent et que les scientifiques les ignorent parce que ces derniers sont en train de chercher autre chose. Les scientifiques peuvent ainsi parfois passer à côté de découvertes potentielles. En étant conscient du phénomène de la sélectivité, les scientifiques peuvent être plus vigilants lors de leurs expériences. De même, il nous arrive, au quotidien, de rater des opportunités parce que nous avions la tête ailleurs… Cette charmante femme n’a peut-être pas remarqué le charmant homme qui lui faisait de l’œil au parc en après-midi parce qu'elle était en train de se demander où sortir en soirée pour rencontrer des hommes…

De même, si le cerveau reçoit une sensation à laquelle il est incapable d’attribuer une signification par manque de connaissances dans la mémoire, il risque tout simplement d’ignorer cette sensation. Par exemple, une personne qui ne sait pas quel bruit fait un arbre qui tombe dans une forêt sera bien embêtée si elle entend ce bruit lors d’une randonnée. Comme son cerveau est incapable d’associer ce stimulus à une information déjà présente dans sa représentation mentale de la réalité, pour lui donner un sens (« un arbre qui tombe »),  son cerveau risque d’ignorer ce stimulus. Celui-ci ne sera pas mémorisé. De retour chez elle, la personne ne se souviendra pas que quelque chose de particulier se soit produit lors de sa randonnée. En sciences, des stimuli incompréhensibles, qui surgissent inopinément lors d’observations ou d’expériences portant sur autre chose, peuvent être la source de nouvelles découvertes, puisqu’ils peuvent  relever d’aspects encore inconnus de la réalité. En étant conscients du fonctionnement de la perception, nous pouvons être plus vigilants.

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4 : L’organisation excessive

Le cerveau cherche constamment à établir des liens entre des sensations ainsi qu’entre des perceptions et des idées de la représentation mentale de la réalité. Ce besoin d’organisation peut devenir excessif et amener le cerveau, sans qu’il s’en rende compte, à créer des liens là où il n’en existe en fait aucun. Le cerveau peut ainsi confondre causalité avec corrélation et coïncidence. Le cerveau a tendance à percevoir un lien de cause à effet entre deux phénomènes qui se succèdent à l’intérieur d’un court laps de temps ou encore qui surviennent habituellement ensemble.

Par exemple, je constate que le gazon pousse habituellement plus rapidement après des pluies abondantes. J’en conclu que les pluies abondantes sont la cause de la croissance accélérée du gazon. C’est ainsi que, par l’expérience et l’habitude, le cerveau, qui naît ignorant de tout (mis à part les quelques comportements innés), développe graduellement sa représentation mentale de la réalité. À la suite des prochaines pluies abondantes, mon cerveau s’attendra à voir le gazon pousser plus rapidement.

Deux phénomènes qui surviennent habituellement ensemble sont dits « corrélés ». Il y a une corrélation entre les pluies abondantes et la croissance accélérée du gazon. Dans ce dernier cas, la corrélation témoigne d’un lien de causalité. Mais toute corrélation ne témoigne pas automatiquement d’un lien de causalité ! En effet, deux phénomènes corrélés peuvent avoir une cause commune : le premier à se produire n’est pas alors la cause du second ! On pourrait dire que les liens de causalité sont un cas particulier des liens de corrélation. Par exemple, les alcooliques sont souvent également des fumeurs (bien que les fumeurs ne soient pas automatiquement des alcooliques !) L’alcoolisme n’est pas la cause du tabagisme… ni l’inverse ! Cependant, l’alcoolisme et le tabagisme ont des causes psychosociales et physiologiques communes : c’est pourquoi ils sont corrélés chez les alcooliques.

Lorsque deux phénomènes sont corrélés, il peut donc arriver que le premier soit la cause du second, ou encore que les deux phénomènes aient une cause commune. Mais il existe une troisième possibilité : le hasard peut être responsable de la corrélation ! Il n’existe alors aucun lien entre les deux phénomènes. Une corrélation accidentelle est appelée une coïncidence. Il arrive, par exemple, qu’un ou une ami(e) me téléphone au moment où je pense à lui ou à elle : il s’agit là d’une simple coïncidence, même si mon cerveau cherche à établir un lien de causalité entre ces deux événements qui surviennent ensemble. Le fait que j’aie pensé à mon ami(e) n’est pas la cause de son appel. Pas plus que le fait que mon ami(e) allait m’appeler serait la cause du fait que j’aie pensé à lui ou à elle ; d’ailleurs, dans ce dernier cas, cela impliquerait que la causalité puisse remonter dans le temps, c’est-à-dire que la cause d’un phénomène qui se déroule maintenant soit dans le futur ! La sélectivité (obstacle 3) peut renforcer notre conviction erronée qu’une coïncidence soit le témoin d’un lien de causalité. Par exemple, je retiendrai sélectivement les fois où un ou une ami(e) à qui je pensais m’a effectivement téléphoné et j’oublierai toutes les fois où je pensais à un ou une ami(e) et que celui-ci ou celle-ci ne m’a pas téléphoné !

Méfions-nous donc de la tendance qu’a notre cerveau à percevoir des liens de causalité partout, même là où il n’en existe pas !

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5 : L’interprétation erronée

Notre cerveau, en plus de chercher continuellement des liens, cherche continuellement des significations. Par exemple, il se peut qu’en arrivant au travail le matin un ou une collègue me fasse un air inamical. Mon cerveau risque d’interpréter cette attitude comme une manifestation d’hostilité dirigée contre moi. Je me demanderai par la suite si j’ai offusqué cette personne la veille ou encore si cette personne a des problèmes personnels responsables d’une hostilité non justifiée. Mais peut-être que cette attitude n’a rien à voir avec moi : cette personne a peut-être reçu une mauvaise nouvelle la veille. Dans ce cas, la signification (l’hostilité dirigée contre moi) que le cerveau a donné au fait perçu (l’air inamical) serait erronée. Il ne faut pas prendre pour acquis que l’interprétation spontanée d’un fait est nécessairement la bonne, même s’il nous semble qu’elle ne peut qu’être la bonne.

LES CENTRISMES

Nous appellerons « centrisme » toute tendance qu’a le cerveau - parfois à raison, parfois à tort - à tout rapporter à lui-même et à ce qu’il connaît. Il existe trois formes principales de centrisme : 1) l’égocentrisme, qui consiste à rapporter tout ce qui existe à soi, comme si nous étions la raison d’être de l’univers ; 2) l’anthropocentrisme, qui consiste à rapporter tout ce qui existe à l’humain, comme si l’humain était la raison d’être de l’univers ; 3) le quotidiennocentrisme, qui consiste à chercher à faire cadrer tout ce qui existe avec le domaine perceptible de la réalité, et à rejeter tout ce qui ne peut pas y cadrer, comme si le domaine perceptible de la réalité était représentatif de l’ensemble de la réalité. Les centrismes sont une cause importante, souvent inconsciente, d’interprétations erronées.

Ajoutons que l’anthropomorphisme dérive de l’anthropocentrisme et du quotidiennocentrisme. L’anthropomorphisme consiste à croire que tout ce qui existe est fait à l’image et à l’échelle de l’humain.

6 : Les défauts de récupération du contenu de la mémoire à long terme

Il nous arrive d’être incapable de récupérer une information (un souvenir, un mot, une idée, etc.) qui se trouve dans la mémoire à long terme : nous disons alors que nous l’avons sur le bout de la langue. Lorsque nous réfléchissons, que ce soit sur la valeur de vérité d’une idée ou sur tout autre sujet, il est possible que, sans nous en rendre compte, nous omettions des éléments importants tout simplement parce que la mémoire de travail n’est pas allée les récupérer dans la mémoire à long terme. Nous disons alors que nous n’y avions pas pensé.

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7 : La persévérance indue des croyances

La mémoire à long terme peut oublier des liens qui existent entre des idées. Si nous modifions la description ou l’explication que nous avons d’un fait, nous ne ferons pas les réajustements appropriés auprès des autres idées qui lui sont reliées. Par exemple, le lien suivant pourrait, initialement, se créer dans mon esprit : « j’ai entendu une soucoupe volante passer lors d’une randonnée en forêt. Donc, j’en conclus que  nous sommes visités par des extraterrestres ». Le lien pourrait par la suite être oublié. Ainsi, si dans le futur je remplace l’explication « j’ai entendu une soucoupe volante passer » par « j’ai entendu un arbre tomber », je ne ferai pas le réajustement que le lien initial (le « donc ») implique et je continuerai à croire que « nous sommes visités par des extraterrestres ». Ce phénomène se nomme la « persévérance indue des croyances ».

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8 : La modification des souvenirs

Les souvenirs peuvent se modifier avec le temps car ils ont tendance à se mélanger avec les nouvelles expériences que nous vivons ou avec d’autres souvenirs. Plus un souvenir est souvent remémoré par la mémoire de travail et plus il risque d’être altéré. Ce phénomène se produit sans que nous nous en rendions compte ; nous croyons toujours spontanément que nos souvenirs sont intacts.

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9 : Les souvenirs fictifs

Certains souvenirs sont carrément fictifs : les situations qu’ils représentent n’ont jamais eu lieu. Nous pouvons néanmoins nous sentir certains de leur authenticité ! C'est le cas par exemple avec les potins. Il est facile de s'imaginer des choses sur une personne à partir de ce que l'on connaît d'elle. Puis, à force de se répéter ces choses, on finira par oublier leur origine véritable et par devenir certain qu'elles sont vraies.

Voir aussi à ce sujet l'obstacle 15 : le désir de croire.

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10 : Le sentiment de certitude injustifié en nos souvenirs

Nous avons tendance à éprouver un sentiment de certitude injustifié à l’égard de nos souvenirs : nous pouvons nous sentir absolument certains qu’un souvenir est juste, même si celui-ci a été modifié ou est carrément fictif.

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11 : L’accès à la mémoire à long terme est fragmenté

Comme il a déjà été mentionné, la mémoire de travail est capable de contenir simultanément quelques éléments pour une durée maximale de quelques secondes à quelques minutes. Il est donc impossible à la mémoire de travail de récupérer simultanément toutes les informations contenues dans la mémoire à long terme pour en faire une évaluation exhaustive. Par conséquent, il se peut que nous ayons dans notre mémoire à long terme des croyances qui sont incompatibles sans que nous soyons capables de nous en rendre compte. Le seul moyen de contourner cet obstacle est de travailler en groupe. Les autres nous aideront à détecter nos contradictions internes, et réciproquement.

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