La Lanterne de Diogène

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Voici le texte de présentation de Marcel Duhamel lors du lancement de la collection «La Série noire».

«Que le lecteur non prévenu se méfie : les volumes de la Série Noire ne peuvent pas sans danger être mis entre toutes les mains. L’amateur d’énigmes à la Sh, Holmes n’y trouvera pas souvent son compte. L’optimisme systématique non plus. L’immoralité, admise en général en ce genre d’ouvrages, uniquement pour servir de repoussoir à la moralité conventionnelle, y est chez elle tout autant que les beaux sentiments, voire que l’amoralité tout court. L’esprit en est rarement conformiste. On y voit des policiers plus corrompus que les malfaiteurs qu’ils poursuivent. Le détective sympathique ne résout pas toujours le mystère. Parfois, il n’y a pas de mystère. Et quelquefois même, pas de détective du tout. Mais alors? ... Alors, il reste de l’action, de l’angoisse, de la violence — sous toutes ses formes et plus particulièrement les plus honnies — du tabassage et du massacre... Il y a aussi de l’amour — préférablement bestial —, de la passion désordonnée, de la haine sans merci; tous sentiments qui, dans une société policée, ne sont censés avoir cours que tout à fait exceptionnellement, mais qui sont ici monnaie courante et sont parfois exprimés dans une langue fort peu académique mais où domine, toujours, rose ou noir, l’humour.»

Extraits de "Littérature contestataire?" de Claude Mesplède, in Les Temps modernes, Le Roman noir, no 595, octobre 1997.

«Pour lui [le détective privé] personne n’est jamais entièrement blanc ou noir; la frontière traditionnelle entre le bien et le mal reste mal définie, plus floue. La police n’incarne plus forcément le bien. Le hors-la-loi n’est pas obligatoirement le mal.»

«Si après la vague de la première génération hard-boiled, le roman noir ne cesse d’évoluer dans sa structure, son écriture et son contenu, il continue sans cesse à poser cette question essentielle "où se trouve le bien, où est le mal". Et aujourd’hui, pour en explorer ces diverses facettes, le récit criminel — moyen le plus usité — n’est pas obligatoire. Le roman noir peut s’en démarquer, devenir roman de mœurs ou emprunter un autre thème sans même y faire figurer un meurtre ou une mort violente. L’essentiel reste de décrire un individu ( ou un groupe) en rupture et son dysfonctionnement, ou encore une quelconque transgression à "l’ordre moral". Et même s’il n’y a pas d’enquêteur, il n’en reste pas moins une atmosphère réaliste, noire et tragique au sein de laquelle l’homme s’interroge sur son destin et les aléas de l’existence.»

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