La Lanterne de Diogène

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Propos de François Barcelo extraits de Interview in absentia

Dans ce livre, l’auteur répond à des questions qui ne sont jamais posées. C’est au lecteur à trouver les questions.

«Non, je n’ai aucun souci de modernité. Je n’ai aucun véritable souci de style, d’ailleurs. Si ça se lit bien, je suis satisfait. Par contre, je crois être un auteur moderne en ce sens que mon écriture correspond plus à la sensibilité actuelle que les romans de Balzac ne peuvent le faire maintenant. J’évite presque toute description — de lieu ou de personnage. J’élimine les longueurs (quand je m’aperçois qu’il y en a, ce qui est malheureusement pas toujours le cas). Cela donne des récits dans lesquels l’histoire progresse rapidement. Et je pense que c’est pour cela que les jeunes lecteurs m’apprécient, comme témoigne le courrier que je reçois, qui est nettement dominé par les moins de vingt ans. Il y a dans mes romans autant d’action que dans un vidéo-clip. Mais je suis prêt à reconnaître les limites de cette manière d’écrire : la psychologie des personnages est rarement fouillée. Par contre, pour un lecteur sensible, il est facile de deviner ces choses et de donner plus de profondeur à mes personnages. C’est peut-être une forme de roman interactif.»

«Je n’en fais jamais. Au contraire, j’écris mes romans pour la même raison que je lis ceux des autres : pour savoir ce qui va se passer. Il m’est arrivé de savoir d’avance comment un roman finirait — dans le cas des Plaines à l’envers, par exemple. Et cela a considérablement réduit mon plaisir d’écrire.»

«Mais il est vrai aussi que la publicité m’a appris certaines choses : à n’utiliser le plus souvent que des mots que les lecteurs comprennent; à faire des liens d’une phrase à l’autre (avec des chevilles comme "mais", "de plus", "ensuite", etc.) de façon à forcer les lecteurs à continuer à lire; à écrire des paragraphes plutôt courts, qui donnent une page aérée. Je n’ai jamais compris les écrivains qui ne font jamais de paragraphes; c’est une coquetterie que, comme lecteur, je trouve détestable. Dans le fond, la rédaction publicitaire m’a appris à éviter les coquetteries — à écrire en pensant toujours aux lecteurs et pas seulement à moi. Mais ce sont des choses bien superficielles. Pour le reste, je suis un écrivain ordinaire.»

«Mais j’ai découvert une chose : que je déteste une histoire structurée. En fait, j’aime bien me surprendre moi-même, quand j’écris. Dès que la suite de l’histoire commence à mes yeux à devenir évidente, je me dis qu’elle est prévisible pour le lecteur ou la lectrice. Et je change de cap.»

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